L’OM tu l’aimes ou tu la quittes. Ce pourrait être la devise des supporters du club marseillais qui sont très nombreux aussi dans le Var. Dans les années 90, Alain Sauvan, qui vit au Brusc depuis de nombreuses années, a rencontré les plus iconiques d’entre eux. Son témoignage photographique vient d’être édité dans un livre haut en couleurs.
Photos et propos recueillis par Julien Talani
Alain Sauvan a eu la chance de vibrer en compagnie des premiers supporters de l’Olympique de Marseille. Du moins de ceux qui font encore la notoriété du club jusqu’aux confins de l’Europe. Il est encore en lien avec nombre d’entre eux et les a côtoyés, en déplacement et dans les tribunes du mythique stade Vélodrome, lorsque leur organisation commençait à impressionner l’Europe entière. “C’était en 1990, le phénomène “ultra” commençait à prendre de l’ampleur à Marseille, sur le modèle italien de supporters coordonnés et organisés, entièrement dédiés à encourager leur équipe et animer les tribunes”. Alors reporter au Figaro Magazine, Alain Sauvan rencontre Marc Hodoul, fondateur du Commando Ultra en 1984 (CU84). Celui-ci l’oriente vers un tout jeune homme qui vient de fonder son groupe de supporters, les South Winners (SW87) et vient de migrer du quart de virage nord (Ganay) au virage sud. “Quand je rencontre Depé (Patrice Deperetti), c’est un tout jeune homme, il n’a que 17 ans. Je fais son portrait dans sa chambre d’ado. Chez ses parents. Ni lui ni moi ne nous doutons du phénomène qu’il va devenir. J’assiste dans la foulée à un match avec eux. Et là je sens qu’il y a vraiment quelque chose qui se passe « .
Je décide de suivre l’équipe et les supporters qui vont m’adopter comme l’un des leurs”.
Cette année-là, le groupe de Raymond Goethals, le sorcier belge, se hissera jusqu’en finale de Ligue des Champions. Alain Sauvan suit le groupe jusqu’à Bari, pour le match opposant les olympiens à l’Etoile Rouge de Belgrade. “C’était les années Tapie. Pour moi, ce groupe était encore meilleur que celui qui a remporté la Coupe d’Europe en 93. Il y avait Olmetta dans les buts, Amoros, Casoni, Mozer, Di Meco, Boli, et devant Papin, Pelé, Waddle avec sur le banc Cantona, Tigana, Vercruysse et Stojkovic. C’était de la folie ! Malgré cette supériorité, l’effectif n’avait pas assez tourné et manquait de fraîcheur”. Résultat : une défaite aux pénaltys qui plonge les supporters dans une profonde détresse. “Je n’ai fait qu’une photo et j’ai rangé l’appareil. Je me suis dit : ce moment-là je leur laisse. D’ailleurs d’autres journalistes, moins patients ont vu leur matériel dégradé. Personne n’avait coeur à parler”.
Témoignage unique
Au fil des pages, on replonge dans l’atmosphère, déjà lointaine, du Marseille de ce début des années 90. Les “tifos” confectionnés à la main, avec le soutien de toute la famille, au siège des associations de supporters. Les rues parées de bleu et blanc les soirs de match. Les capo qui dirigent leurs troupes comme un chorégraphe ses danseurs. “L’OM c’est plus qu’un club. C’est une famille. On t’y mène minot, puis tu y deviens père, grand-père, etc. Et c’est une arène où tu ne peux pas tricher. Les vrais supporters sont ceux qui restent, même quand l’équipe à la tête au fond du seau”. Aujourd’hui, malgré une ferveur qui perdure, les anciens ont du mal à accepter certains comportements. “Les tribunes, en particulier les virages, sont devenues des spots à selfies incontournables. Il faut dire “j’y étais” et vite poster ça sur les réseaux. Pour ceux qui ont fondé ces groupes de supporters en partant de rien, c’est incompréhensible”.
Virage Sud 1990/91 d’Alain Sauvan aux éditions Erlebnis Fussball. Préface de Jean-Pierre Papin, plus de 170 photos, textes en allemand/français. Disponible sur https://gazzetta-ultra.com/ ou https://erlebnis-fussball.de/shop/
