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Pourquoi rencontrer l’artiste Aurélia Cerulei ?

Parcours de vie hors-norme, recherche artistique et goût du partage attendent toutes celles et ceux qui iront rencontrer Aurélia Cerulei à la Maison du Patrimoine ce week-end.

Texte Julien Talani, ©Julien Talani et ©Carré d’Arts de Six-Fours

Artiste en résidence au Brusc jusqu’au 5 mars 2025, Aurélia Cerulei présentera le fruit de ses recherches à l’occasion de deux portes ouvertes, samedi 1er et dimanche 2 mars, de 14h30 à 17h30. Cette rencontre est ouverte à tous. Durant ses quatre semaines de travaux, Aurélia Cerulei a reçu une trentaine d’autres personnes, notamment une douzaine de 6-10 ans d’Action jeune itinérante (Ajir). “L’échange est au cœur de ma pratique. J’aime les phases où je crée et recherche en solo. Mais ces moments de création collective sont très enrichissants”.

Un parcours peu banal

Le fil, plus particulièrement le fil à tisser, dirige la vie d’Aurélia Cerulei depuis son plus jeune âge. C’est avec sa mère que commence son parcours textile. Au milieu des années 70, Nicole Renard, brodeuse émérite et propriétaire du Mas de la Brune, se lance dans la restauration de tapisseries, à Eygalières, dans les Bouches-du-Rhône. La maman d’Aurélia y est ouvrière. Sa fille l’accompagne dès son plus jeune âge avant de devenir elle-même une “bobine” (c’est ainsi que l’on nommait les ouvrières de l’atelier Bobin). Diplômée d’un CAP de rentrayeuse (réparation des tapisseries et des tissus), Aurélia entre aux Beaux Arts de Toulon, où elle obtient, à 20 ans, un « diplôme national d’art et technique » et, trois ans plus tard, les félicitations du jury.

Industrie textile

Le hasard lui fait rencontrer le directeur associé d’une maison de prêt-à-porter de luxe et de haute-couture. Celui-ci l’embauche pour dessiner une ligne de meubles et d’objets liée au savoir-faire français. Aurélia rejoint Paris où elle va découvrir les moquettes tissées sur des métiers Jacquard. Aujourd’hui encore, ce motif élémentaire soutient toutes ses créations. “Certains, en sortant de l’école, savent ce qu’ils vont faire. Moi, après l’école des Beaux Arts de Toulon, j’ai eu besoin de travailler dans le textile, de façon industrielle, avant de comprendre, 20 ans plus tard, qu’il était l’épicentre de mon œuvre”, explique l’artiste, “par le fil je répare le monde, je connecte les choses entre elles, avec une prédilection pour les arbres écomorphosés, qui luttent pour s’adapter à un environnement hostile”.

Du Brésil au Gaou

Quel cadre mieux adapté que le Gaou, pour trouver des arbres tordus, couchés par les vents violents ? “Un petit arbre, couché à flanc de falaise, a tout de suite attiré mon attention. Il m’a fait pensé à ce palétuvier, que j’ai trouvé au Brésil, échappé d’une mangrove et qui se trouvait seul, détaché, hésitant entre mer et eau douce”. Une résilience commune unit ces deux arbres, et d’autres encore, qu’Aurélia Cerulei entend connecter très prochainement.

Le fil réparateur

“J’ai choisi le fil pour connecter les arbres entre eux, et les êtres aux arbres. C’est pour moi une façon de reconnecter l’homme à la nature, tout comme les arbres sont reliés et communiquent entre eux par les racines et le réseau mycorhizien”. Au Brésil où elle s’est mariée, a vécu vingt ans et fondé sa première entreprise, elle devient artiste à temps plein. Son premier travail dure quatre ans et se concentre sur un arbre solitaire (le fameux palétuvier du début) tourné vers le large. “C’est pour moi le symbole de la résistance et de la résilience du peuple brésilien face à la déforestation de masse. C’est avec cet arbre que j’ai le plus échangé lors des périodes de confinement”. Depuis, l’arbre est mort, mais le travail d’Aurélia Cerulei lui assure l’éternité.

Rencontre avec Aurélia Cerulei samedi 1er et dimanche 2 mars, de 14h30 à 17h30. 

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