Photographe passionné et passionnant, Alain Sauvan est littéralement habité par les lieux qu’il fréquente. Après Martigues, Fos et l'étang de Berre, les lieux de son enfance fortement marqués par l’industrie, il a exploré l’île du Grand Gaou dans ses moindres recoins pour en donner sa propre vision. A découvrir, Maison du Patrimoine de Six-Fours.
Photos et propos recueillis par Julien Talani
Sur les murs de la Maison du Patrimoine, à quelques centaines de mètres du sujet qui l’habite depuis des années, Alain Sauvan expose quelques-uns des nombreux clichés qu’il a réalisés au Gaou. “C’est un lieu multiple, à la fois très petit et très vaste”, explique-t-il. D’où le titre de cette exposition, proposée par le Carré d’Arts de Six-Fours jusqu’au 20 avril prochain : “Gaou / 0,051 km2”. “C’est très inspirant d’avoir une variété si grande sur une si petite surface”. Ces univers investissent tour à tour les salles de la Maison du Patrimoine : le vent, large et lagune, le minéral et le végétal. “Je voulais que l’on ressente cette multiplicité”, poursuit l’artiste. Plusieurs grands formats (panoramiques par assemblage sur Dibond) juxtaposent jusqu’à quinze clichés pour capter ce décor incroyable offert par les troncs tortueux, tordus ou complètement couchés dont regorge l’île. A en croire les réactions du public, très nombreux lors du vernissage de l’exposition, l’effet “waouh” fonctionne. D’autres déclinaisons en petits formats donnent un effet plus vaporeux : “je suis un passionné du triptyque, ces tirages sur papier gravure, ajoutent de la texture. On a l’impression que l’image bouge lorsqu’on la regarde”.
En résidence depuis 15 ans
Cela fait quinze ans qu’Alain Sauvan vit au Brusc, aux côtés de son épouse Elisabeth. “J’ai découvert le Gaou dans les années 80, lorsque nous venions chez les parents d’Elise”. De cette époque, Alain Sauvan a quelques clichés qu’il a compilés en vidéo. “A l’époque, c’était un camping sauvage”, se souvient-il. “Revenir et réexplorer toujours les mêmes lieux fait partie de ma démarche : j’aime être en lien avec le lieu que je photographie. Ce temps long me permet aussi de mesurer ma propre évolution. Aujourd’hui, c’est un peu la restitution d’une résidence artiste d’une quinzaine d’années”. Alain Sauvan a travaillé sur bien d’autres sujets au cours de sa carrière. “Changer de sujets c’est un peu changer de vie”. Un temps photographe de théâtre, il a également suivi les supporters du Virage Sud de l’Olympique de Marseille, dans les années 90. Un livre retraçant cette épopée devrait être publié avant l’été (nous y reviendrons).
“Gaou / 0,051 km2”
Jusqu’au 20 avril 2025, Maison de Patrimoine, corniche des îles, 83140 Six-Fours.